lundi 5 décembre 2011

TIC : nouveau plan France 2020, de l’esbroufe sur un sujet stratégique

Le 30 novembre 2011 Eric Besson, le ministre en charge de l'Economie Numérique a présenté les grandes lignes du plan France Numérique pour les années 2012 à 2020. Il s’est d’abord attaché à faire le bilan "très positif" – forcément - du premier volet s’achevant en 2012. 700 000 emplois nets auraient été créés depuis 2000 et 95% des propositions avancées sont réalisées ou en passe de l'être. Même Poutine n’oserait présenter un bilan de ce type.

Bien des choses ont été faites (la TNT, la 3G notamment) mais sur les 151 mesures présentées en 2008, de nombreux objectifs n'ont pas été atteints. Par exemple dans le domaine des infrastructures : le semi-échec de la fibre au niveau des abonnements finaux ou la couverture mobile en zones peu denses. Ou l’échec de la radio numérique, le dossier médical personnalisé ou la TV mobile "un sujet à ne pas rater", elle a tout simplement été abandonnée faute de marché et de bon choix technologique. L’opération Ordi 2.0 qui devait organiser une filière de récupération, retraitement et redistribution d'ordinateurs est un échec quand à la réforme de la copie privée et HADOPI, elles ne satisfont pas grand monde à part les ayants droit. La mise en place des "conseillers au numérique PME", n’est pas un grand succès, même si le plan « passeport numérique » est une réussite.

Les 57 objectifs identifiés pour la suite, ont une contrainte claire : être menés "sans accroître les dépenses de l'Etat". On peut légitement s'interroger sur la possibilité de les mettre en oeuvre.

Ainsi il est envisagé qu'en 2025, 100 % des Français seront connectés au très haut débit fixe (sans préciser s’il s’agit de 100 Mbts/s) tout en garantissant 5 Mbits/s pour 2020. Quel est le débit de ce très haut mobile fixe ? La question de la couverture des zones peu denses et son financement reste toujours d'actualité... Autre promesse, qu'en 2013, 100 % des démarches administratives soient réalisables en ligne contre 78% aujourd'hui. Le papier aura complètement disparu, promet le ministre, comme d’ailleurs l’avaient promis ses prédécesseurs. Gageons qu’il aura disparu avant.

L’ objectif économique est de "faire du numérique le moteur n°1 de notre compétitivité, de notre croissance, de nos créations d'emplois" mais les pôles de compétitivité TIC sont oubliés. Le ministre estime que ce plan pourraient permettre la création de 450 000 emplois d'ici 3 ans. A ce rythme le chômage aura disparu dans 10 ans.

Pour être à la mode le plan parle de « cloud computing » de « privacy by design » sans préciser les outils d'accompagnement pour les entreprises qui, pour les PME, n'ont ni le temps, ni les ressources pour mener à bien cette évolution en toute sécurité.

Seul point concret : pour récupérer de nouvelles bandes de fréquences, le gouvernement envisage de réaménager les bandes affectées aux communications électroniques mais aussi celles utilisées par la télévision en généralisant le format MPEG-4 d'ici 2015 et en utilisant la norme DVB-T2 en 2020 pour la TNT. Pas de chance le DVB-T2 est déjà dépassé, mais l’idée est bonne de réaménager le spectre (le dividende numérique lié à la première phase de la TNT va rapporter 2 milliards d’euros à l’Etat).

La France se situe au 20e rang mondial en termes de ratio économie numérique/PIB. Il y a donc en effet énormément d'efforts à accomplir, mais on peut facilement améliorer la situation compte-tenu de la qualité des ressources humaines et de la R&D du secteur. Encore faut-il se doter d’une politique industrielle digne de ce nom et de mette en œuvre des financements innovants dans un contexte de dépenses publiques en forte baisse.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre commentaire.