vendredi 16 décembre 2011

L'Italie prend la tête de la production solaire

Selon le cabinet d'études et d'analyse IHS, l'Italie aura installer 6,9 GW de nouvelles installations photovoltaïques en 2011, pratiquement le double de 2010 (3,6 GW). Les aides au photovoltaïque ont fortement accéléré le rythme des nouvelles installations.

Le n°2 pour les nouvelles installations est l'Allemagne (5,9 GW), puis les USA (2,7 GW), la Chine (1,7 GW), le Japon (1,3 GW) et la France (1,0 GW). Soit sur ces 6 pays 18,7 GW soit l'équivalent de 12 EPR en puissance installée (mais pas en production, il faut diviser par 3 ou 4 selon le pays).



L'ensemble de la filière photovoltaïque voit des baisses de prix continuelles de ses produits, du silicium (la matière première) jusqu'aux panneaux solaires prêts à installer. Par exemple, pour des installations de fortes puissance en Allemagne, le prix par watt installé est passé au dernier trimestre à 1,60 euros, contre de 1,80 euros l'année précédente. Pour les installations résidentielles, le prix de l'installation complète d'un système est passé de 2,2 euros par watt à 1,90 euro par watt, toujours au dernier trimestre, et sur une année. Des fournisseurs aux abois, car il y a eu trop d'investissements en production, ont vendu des panneaux au prix de 0,68 euros par watt. On prévoit des prix des panneaux autour de 0,65 euros pour 2012 à cause des surcapacité chinoises et de l'amélioration de la productivité de la filière.

mercredi 14 décembre 2011

Gréce, l'intervention du FMI est pire que le mal.


Selon M. Thomsen, chef de la mission du FMI en Grèce, la Grèce doit arrêter d'augmenter ses impôts et réduire massivement son secteur public, au risque sinon que le déficit public du pays reste bloqué autour de 10% du PIB, son probable niveau en 2011.
Il constate que « il n'y a plus de marge" pour une politique de hausses d'impôts et selon lui "on a besoin d'une réduction du secteur public pour obtenir des résultats".  Sur la collecte d'impôts, "nous avons clairement atteint la limite" a-t-il dit. "Le poids des nouveaux impôts tombe sur un nombre limité de contribuables qui n'ont pas d'autre option que de payer". Donc pour le FMI la solution
" avancer de manière plus agressive pour fermer entreprises et entités publiques". Il a prôné des suppressions d'emplois pures et simples dans le secteur public, au prix de licenciements et plus seulement de mises en retraite anticipées.
Il est incroyable que face à une délinquance fiscale importante, le FMI propose de baisser les bras et non pas de mener une guerre à la fraude, y compris dans es paradis fiscaux comme la Suisse où sont déposés sur les comptes grecs plus d’argent que nécessaire pour rembourser l’ensemble de la dette du pays, mais au contraire de prendre acte de la fraude et de baisser les dépenses de l’Etat. Certes une partie des fonctionnaires grecs ont été embauchés pour des raisons politiciennes, et n’ont pas leur place dans une organisation efficace, mais sabrer indifféremment dans le secteur public est contre-productif.

En même temps le FMI constate que l'économie du pays va de plus en plus mal. En 2011, le PIB grec se réduirait de 6%, une quatrième année consécutive de baisse. Il propose donc d’aggraver la situation sociale pour accélérer la décroissance grecque, et de laisser les fraudeurs tranquilles. Bel exemple d’incompétence et d’aveuglement, on est clairement dans un cas d'école ou l'intervention du FMI est un remède pire que le mal.

vendredi 9 décembre 2011

L'Europe refait le traité de Maastricht

Le 9 décembre 2011, les dix-sept membres de la zone euro sont parvenus à un accord pour renforcer leur discipline budgétaire, à travers un accord intergouvernemental. Ce compromis a également été accepté par six autres pays de l'UE, non-membres de la zone euro. Quatre pays de l'Union n'ont pas ratifié cet accord pour le moment. (Dont le Royaume-Uni et la Hongrie, qui ne veulent pas d’un changement de traité, tandis que la Suède et la République tchèque veulent d'abord consulter leur parlement).


 
Quelles nouvelles mesures ?

 
- Une "règle d'or" mise en place dans tous les pays, et des sanctions quasi automatiques contre ceux qui dépasseront les 3 % de déficit budgétaire. Elle prévoit :

•    Les gouvernements devront présenter des budgets équilibrés, avec un déficit structurel qui ne devra pas dépasser 0,5% du PIB, avec un amendement en ce sens dans leur constitution.
•    Un mécanisme de correction automatique, non précisé pour les pays qui ne respecteraient pas le principe. Et les pays dont le déficit dépasserait les 3% s'exposeront à des sanctions.
•    Afin d'éviter ces déficits, les pays signataires de l'accord devront soumettre leurs budgets à la Commission européenne, qui disposera de l'autorité pour retoquer les budgets.
 
- La Banque centrale européenne prendra en charge l'actuel Fonds de secours de la zone euro (FESF) et le futur Mécanisme européen de stabilité (MES), appelé à lui succéder en 2012, sur proposition du président de la BCE.
 
- Les Européens devraient renflouer le Fonds monétaire international (FMI), sous forme de prêts bilatéraux, à hauteur de 200 milliards d'euros, en effet le Fonds ne dispose plus que d'un peu moins de 300 milliards d'euros pour ses États membres : pas assez pour venir en aide, s'il le fallait, à une grande économie comme l'Italie.

 
A noter que les États de la zone euro n'ont pu se mettre d'accord vendredi pour mettre en place des euro-obligations afin de mutualiser leurs dettes.

 
Commentaires :

 
En fait il s’agit de revenir au traité de Maastricht qui interdisait des déficits supérieur à 3%, sans mécanisme d’application. Il n’y a donc rien de nouveau, simplement un oubli réparé.
 
L’intervention de la Commission pour retoquer les budgets est la seule vraie nouveauté politique, qui est un transfert de souveraineté. La Commission a prouvé par le passé son indulgence devant les pays forts (la France et l’Allemagne ont fait sauter les obligations du traité de Maastricht), pourquoi serait-elle plus forte demain ? La bonne règle démocratique serait qu’elle émette des recommandations qui, pour avoir force de loi, devrait être votée par le Parlement. Mais si un grand pays passe outre que fera-t-elle ?
 
Les autres mesures sont techniques et logiques.
 
 
Cette « réunion de la dernière chance » a été surtout un affichage de communication, gageons qui n’impressionneront pas les marchés et que les mesures annoncés risquent rapidement d’être modifiés, après les élections. La France n’améliorera sa situation que si elle applique une politique rapide de déficit zéro et de relance par l’investissement, dans le cadre d’une transition écologique de son économie.

 

mercredi 7 décembre 2011

Energies vertes, combien d'emplois ?

Les emplois sont au coeur du débat énergétique. Le ministère allemand de l'environnent a publié une étude en juillet dernier. Fin 2010, 370.000 emplois avaient été créés en Allemagne pour une production équivalente à 10% de la production électrique dont 108.000 dans le solaire, 112.000 dans la biomasse, 96.000 dans l’éolien. Au même moment le nucléaire employait 40.000 personnes pour une production de 25% de l'énergie électrique.

En France les données objectives sont de 125.000 emplois directs dans le nucléaire (pour 75% de la production électrique) et autant d’emplois indirects (source (PWC pour Areva). Les emplois dans les énergies renouvelables représentent déjà 94.500 emplois directs (dont 30.000 dans le solaire) selon l’ADEME. Les emplois indirects ne sont pas précisés dans l’étude.

L’Allemagne prévoit entre 520.000 et 640.000 emplois dans le renouvelable d’ici 2030 (avec une majorité des emplois dès 2020. En France cela dépendra des politiques publiques mais des chiffres similaires sont possibles, le gisement d’énergies renouvelables étant supérieur à celui de l’Allemagne. Avant Fukushima, il était prévu de 21.000 à 38.000 emplois supplémentaires dans la filière nucléaire française. Bien entendu ces chiffres sont à revoir en forte baisse.

D’un point de vue de l’emploi il n’y a pas de débats possibles. Du point de vue économique il existe, les fourchettes des évaluations économiques (en général liées à des lobbys) sont trop disparates pour trancher. Il faut attendre une étude réellement objective, mais si cette étude inclu le coût du chômage évité le résultat est évident.

lundi 5 décembre 2011

TIC : nouveau plan France 2020, de l’esbroufe sur un sujet stratégique

Le 30 novembre 2011 Eric Besson, le ministre en charge de l'Economie Numérique a présenté les grandes lignes du plan France Numérique pour les années 2012 à 2020. Il s’est d’abord attaché à faire le bilan "très positif" – forcément - du premier volet s’achevant en 2012. 700 000 emplois nets auraient été créés depuis 2000 et 95% des propositions avancées sont réalisées ou en passe de l'être. Même Poutine n’oserait présenter un bilan de ce type.

Bien des choses ont été faites (la TNT, la 3G notamment) mais sur les 151 mesures présentées en 2008, de nombreux objectifs n'ont pas été atteints. Par exemple dans le domaine des infrastructures : le semi-échec de la fibre au niveau des abonnements finaux ou la couverture mobile en zones peu denses. Ou l’échec de la radio numérique, le dossier médical personnalisé ou la TV mobile "un sujet à ne pas rater", elle a tout simplement été abandonnée faute de marché et de bon choix technologique. L’opération Ordi 2.0 qui devait organiser une filière de récupération, retraitement et redistribution d'ordinateurs est un échec quand à la réforme de la copie privée et HADOPI, elles ne satisfont pas grand monde à part les ayants droit. La mise en place des "conseillers au numérique PME", n’est pas un grand succès, même si le plan « passeport numérique » est une réussite.

Les 57 objectifs identifiés pour la suite, ont une contrainte claire : être menés "sans accroître les dépenses de l'Etat". On peut légitement s'interroger sur la possibilité de les mettre en oeuvre.

Ainsi il est envisagé qu'en 2025, 100 % des Français seront connectés au très haut débit fixe (sans préciser s’il s’agit de 100 Mbts/s) tout en garantissant 5 Mbits/s pour 2020. Quel est le débit de ce très haut mobile fixe ? La question de la couverture des zones peu denses et son financement reste toujours d'actualité... Autre promesse, qu'en 2013, 100 % des démarches administratives soient réalisables en ligne contre 78% aujourd'hui. Le papier aura complètement disparu, promet le ministre, comme d’ailleurs l’avaient promis ses prédécesseurs. Gageons qu’il aura disparu avant.

L’ objectif économique est de "faire du numérique le moteur n°1 de notre compétitivité, de notre croissance, de nos créations d'emplois" mais les pôles de compétitivité TIC sont oubliés. Le ministre estime que ce plan pourraient permettre la création de 450 000 emplois d'ici 3 ans. A ce rythme le chômage aura disparu dans 10 ans.

Pour être à la mode le plan parle de « cloud computing » de « privacy by design » sans préciser les outils d'accompagnement pour les entreprises qui, pour les PME, n'ont ni le temps, ni les ressources pour mener à bien cette évolution en toute sécurité.

Seul point concret : pour récupérer de nouvelles bandes de fréquences, le gouvernement envisage de réaménager les bandes affectées aux communications électroniques mais aussi celles utilisées par la télévision en généralisant le format MPEG-4 d'ici 2015 et en utilisant la norme DVB-T2 en 2020 pour la TNT. Pas de chance le DVB-T2 est déjà dépassé, mais l’idée est bonne de réaménager le spectre (le dividende numérique lié à la première phase de la TNT va rapporter 2 milliards d’euros à l’Etat).

La France se situe au 20e rang mondial en termes de ratio économie numérique/PIB. Il y a donc en effet énormément d'efforts à accomplir, mais on peut facilement améliorer la situation compte-tenu de la qualité des ressources humaines et de la R&D du secteur. Encore faut-il se doter d’une politique industrielle digne de ce nom et de mette en œuvre des financements innovants dans un contexte de dépenses publiques en forte baisse.