samedi 27 août 2011

Plan Fillon, plan d'attente

Les mesures prises dans le plan Fillon du 24 août sont des mesures d'attente qui ne résolvent pas le problème des déficits budgétaires ni ne permet de ramener la dette à un niveau "acceptable". Il s'agit de tenir jusqu'à l'élection présidentielle en adressant deux messages :
  • Aux marchés : SVP ne baissez pas notre note, on est prêt à prendre des mesures ... après mai 2012.
  • Aux électeurs : nous sommes capables de faire une austérité pas trop douloureuse (... pour l'instant).

Bref attendons de voir les vrais propositions qui sortiront du débat des présidentielles, ce plan Fillon n'est qu'un amuse bouche.

vendredi 19 août 2011

Les écologistes et la peur d'affronter les réalités budgétaires

Laurence Vichnievsky est porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), ex-juge d’instruction collègue d'Eva Joly spécialisée dans la finance et conseillère régionale EELV en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Dans une tribune publiée par Libération jeudi 18 août 2011 elle estime :
  • «Aujourd’hui, la réduction de la dette s’impose à nous comme un rappel au principe de réalité. Elle nous oblige à revoir notre projet, non dans ses principes, mais dans sa mise en oeuvre»,
  • «Le retour à l’âge légal de la retraite à 60 ans est une lubie, les créations d’emplois publics doivent être gagées par des suppressions de postes, les investissements publics doivent être financés, non par des économies à venir qu’ils sont censés générer ou par une affectation autoritaire sur l’épargne, mais par des recettes budgétaires concomittantes, les dépenses du système de santé et des collectivités locales doivent être maîtrisées»
  • «Les marges dont nous disposons résident dans le choix d’une fiscalité plus écologique et plus juste»,
  • «Les revenus du capital et du travail doivent être taxés de manière égale et progressive. Les inégalités de fortune doivent être limitées par un impôt frappant l’ensemble du patrimoine, sans exonération, lui aussi progressif».
  • «L’urgence, aujourd’hui, est financière»,

Tant Cécile Duflot qu'Eva Joly (qui s'était exprimée sur l'économie dans les Echos du 14 juin) se sont opposés à ces propos.



Au delà des péripéties politiciennes et des postures "plus à gauche que moi tu meurs", classiques chez les Verts, il n'en demeure pas moins qu'une partie de ce mouvement, peut être la majorité, refuse d'affonter les réalités financières et estime que le débat sur la réduction des déficits n'a pas lieu d'être, d'ou à ce stade le manque de propositions crédibles, autres que celles d'augmenter les recettes fiscales d'environ 50 milliards d'euros (ce qui laisse tout de même 70 milliards d'euros de déficits publics - base 2010 - sauf à diminuer les dépenses de l'Etat). La raison est simple : EELV n'ambitionne pas d'être le leader d'une majorité gouvernementale mais d'accompagner au gouvernement le PS, certes avec le plus de postes possibles, mais sans assumer la partie désagréable de la gestion de la crise financière (et par conséquence sociale).

Ce manque de leadership politique est particulièrement déplorable à un moment ou les crises écologiques et économiques se conjuguent et ou la sortie des crises passe par une nouvelle croissance écologique.Les lignes peuvent bouger d'ici mai 2012, et c'est souhaitable pour les écologistes.


Documents :
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 La tribune de Laurence Vichnievsky dans Libération du 17 août 
http://www.liberation.fr/politiques/01012354692-dette-et-si-nous-devions-revoir-notre-copie

L'interview d'Eva Joly dans les Echos du 14 juinhttp://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/interview/0201439159325-eva-joly-la-conversion-ecologique-creera-500-000-emplois-176276.php

Régle d'or, Règles d'or !

La "règle d'or" budgétaire que le gouvernement souhaiterait faire adopter par le Congrès (Assemblée national + Sénat) à l'automne 2011 consiste à établir dans la constitution une règle interdisant des déficits supérieur à 3% du PIB à partir de 2013, c'est à dire pour le budget qu'élaborera la nouvelle majorité présidentielle (ou parlementaire s'il y a une cohabitation).
 Les promotteurs de cette idée s'appuie sur l'exemple allemand : le Bundesrat allemand a adopté le 12 juin 2009 une loi constitutionnelle de "frein à l’endettement" :  l'Etat fédéral ne pourra souscrire des emprunts qu'à hauteur de 0,35 % du produit intérieur brut (PIB), soit 8 milliards d'euros... à partir de 2016.
Il existait déjà, dans la constitution allemande depuis 1949, l'article 115 "le produit des emprunts (souscrits par le pays) ne doit pas dépasser le montant des crédits d’investissements inscrits au budget". Il n'a pas empéché l'Allemagne d'avoir une dette de plus de 81% de son PIB.

 En effet, les politiques trouvent toujours de bonnes raisons pour ne pas appliquer leurs engagements, et encore moins ceux de leurs prédécesseurs : le plus célèbre est la limitation du déficit budgétaire à 3% "graver dans le marbre" du traité de Maastricht et qui à volé en éclat à la demande de la France et de l'Allemagne.
 L'opposition a raison de refuser cette proposition, la seule règle d'or valable est celle que l'on met en oeuvre réellement dans le budget. On en est loin dans le budget 2011 et 2012 : le dette va continuer à augmenter, alimentée par un déficit récurrent.


Si une nouvelle majorité veut réellement s'attaquer au problème de la dette, et si elle ne le fait pas elle y sera contrainte par l'augmentation des taux d'intérêt, elle pourrait appliquer des vrais règles d'or :
  • Viser un déficit 0 pour stabiliser le volume de la dette, en trois ans.
  • Viser dès 2013 un déficit égal à la croissance estimée (1% serait réaliste) pour stabiliser le ratio dette/PIB.
  • Pour 2014 et 2015, viser un déficit compris entre 0 et la croissance estimée (en % du PIB).
Pour atteindre ces objectifs il y a une multitude de solutions entre la réduction des dépenses de l'Etat  et l'augmentation des ressources fiscales. Tout est une question de dosage en fonction des objectifs politiques et sociaux du gouvernement. Ca devrait être le débat de la présidentielle, on peut toujours réver que les candidats le porte, sinon les faits le porteront pour eux.